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Home Dressez vos esgourdes Blues ERIC McFADDEN - Bluebird on Fire - 2011

ERIC McFADDEN - Bluebird on Fire - 2011

Eric McFadden - Bluebird on fire

Il n'en veut, en ce moment, Eric McFadden. On ne trouvera pas sur ce Bluebird on Fire de titre festivo-déjantés à la façon de l’Edgar Allan Polka figurant sur son précédent et sublime effort, Train To Salvation. Ni d’inspiration flamenco. Eric McFadden signe ici sous son seul nom un album qui aurait très bien pu afficher le sigle du Eric McFadden Trio, tant on est à la limite du blues-rock et du stoner, entre Queens of the Stone Age et Poppa Chubby.

Ceux qui ont assisté aux ravages effectués par ce guitariste et compositeur exceptionnel (sans compter une voix ténébreuse à tomber…) le 25 mai, au Café de la Danse, à Paris, l’ont bien compris — et pendant deux heures et demie sans entracte pour bien se l’enfoncer dans la tête. Le grand dreadlocké donne en ce moment dans le rugueux, couteau entre les dents, fait trembler les basses, crier la guitare (cf. le bœuf phénoménal avec Pat MacManus sur du Hendrix lors du dit concert).

Le line-up, comme toujours avec McFadden, est à géométrie variable, et on retrouve sur Bluebird on Fire une espèce de all-star-band incluant Norwood Fisher (Fishbone), Dave Catching (galaxie Eagles of Death Metal-Queens of The Stone Age), Dave Schools (Stockholm Syndrome), Wally Ingram (Sheryl Crow, Stockholm Syndrome), Abby Travis (Eagles of Death Metal, The Bangles), le vieux copain James Whiton (Tom Waits), présent au Café de la Danse, Paulo Baldi (Cake, Les Claypool) et Victor DeLorenzo (Violent Femmes). Ça calme, non ?

En ouverture de l'album, Filling a Hole fait fortement penser à Poppa Chubby : un blues urbain solidement rythmé, avec un brin de vieux claviers pour adoucir la brutalité. D'autres morceaux auraient pu figurer en bonne place sur un album de Queens of The Stone Age, comme Fire Bird ou Voodoo Head, sur lequel McFadden chante : « Who put the Voodoo in my head ? » Il se fout de nous, le camarade, parce que c’est lui qui nous maraboute sévère !

Et en parlant de magie des bayous, goutez donc Two Graves, un blues crépusculaire en diable. Love Sick Blues possède aussi une petite ligne rythmique typique d'un QOTSA, mais constitue surtout un petit blues simple et efficace, qui enfonce l'accélérateur sur le refrain, et qui pourrait dater d’un demi-siècle qu’on y n'entendrait que du feu.

Hangin’ Moon évoque un son plus habituel pour McFadden, avec une voix comme s’il vous appelait de derrière un coin sombre pour vous convier à une orgie sataniste, et toujours cette gratte dont les cordes semblent lui coller aux doigts (le piqué de son jeu est saisissant). Pour le déversement de fureur, McFadden nous gratifie d'un It Takes A Man de près de sept minutes, mais dont l’intensité reste toujours soumise à l’autorité de la gratte.

Pour donner un peu de couleurs à cet album plus unitonal que d'ordinaire, Til The Medicine Takes (joué en solo au Café de la Danse) est une entraînante petite récréation country-folk qui aurait très bien convenu à un banjo (et me fait penser au projet Sons of Crack Daniels, avec Pat MacDonald), tandis que Rise And Shine verse une goutte de funk. Enfin, il fallait un titre « ma voix tom-waitsienne fait déjà craquer les filles sur une compo douce-amère, alors si j'ajoute une petite mélodie de mon cru c'est le carnage », et c’est le délicat Beautiful Scars qui s'y colle.

Ce disque a donc presque tout pour plaire. Presque. Certains morceaux auraient pu être raccourcis de trente secondes sans dommage — mais aucun ne s'étire non plus exagérément. Et, plus important, Eric McFadden gagnerait sans doute à varier la production de ses morceaux.

En effet, d’album en album, je retrouve le même son. C’est le sien, certes, sa patte. Mais, à la longue, il ne met pas assez en valeur les différents éléments de sa musique. Ainsi, Rise and Shine aurait pu inventer le stoner-funk à lui seul, mais sonne seulement comme du stoner avec une touche funk. En fait, chaque titre, à mon sens, n’est pas assez traité comme une individualité, et certains éléments manquent de tranchant. En un mot comme en cent, la prod' ne me semble pas à la hauteur de la versatilité et du talent de compositeur de McFadden, dont il fait encore une fois un étonnant étalage.

MySpace Eric McFadden

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Mis à jour ( Mardi, 21 Juin 2011 16:32 )  

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